L’épidémie du Coronavirus, dénommé Covid-19 par les scientifiques, se développe depuis plus d’un mois. Survenu en décembre 2019 dans la ville de Wuhan, en Chine, le virus n’a cessé de s’étendre et c’est désormais tous les continents qui doivent faire face à des cas de contamination. À l’heure où sont écrites ces lignes, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) rapporte que le Coronavirus a contaminé quelques 75.000 personnes et en a tué 2100.
La demande en jets privés face au Coronavirus, une réalité contrastée ?
Le transport aérien Chinois est fortement perturbé par l’épidémie. Le Gouvernement de Xi Jinping a fait restreindre les déplacements inter-régionaux aux habitants. Les trois-quarts des avions sont cloués au sol et presque tous les vols intérieurs sont à présent annulés. Le trafic aérien Chinois intérieur est désormais plus petit que celui du Portugal rapporte Frédéric Schaeffer, correspondant des Echos à Pékin.
Mais c’est aussi tout le transport aérien international qui est impacté. Air France, Delta, ou encore British Airways, ce sont plus de 70 compagnies qui ont cessé d’opérer leurs vols réguliers vers la Chine. L’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) estime que le chiffre d’affaires des compagnies aériennes va subir une réduction potentielle de 4 à 5 milliards de dollars.
Mais alors que ce coronavirus impact considérablement l’aviation commerciale, comment l’aviation d’affaires va-t-elle répondre aux besoins de la crise sanitaire ? Et quel est le rôle des différents acteurs de l’affrètement aérien face à une situation d’urgence ?
Un renforcement du contrôle sanitaire et sécuritaire pour l’aviation d’affaires
La plupart des compagnies aériennes de jets privés ont fait le choix de refuser des demandes de vol vers la Chine. C’est notamment le cas d’un opérateur aérien localisé à l’aéroport de Paris-le Bourget. « Des demandes de vols privés nous ont été soumises mais, après étude, nos opérations ont pris la décision de les décliner par mesure de sécurité » nous explique un des membres de l’équipe commerciale.
Les opérateurs ne souhaitent pas exposer leurs équipages à un tel risque infectieux. Cela entraînerait d’ailleurs la mise en quarantaine immédiate du personnel navigant dès leur retour et pour une durée de deux semaines. De quoi les décourager aussi pour leur image et leur notoriété.
Les terminaux d’affaires ont eux aussi pris des dispositions strictes. Procédures d’hygiène et contrôles de sécurité ont été mis à jour et adaptés face à la menace de contamination. Un des FBO (Fixed-base Operator – Terminal privé) de l’aéroport du Bourget, nous a confié avoir été informé par l’aéroport des règles de sécurité à prendre face au coronavirus.
L’aviation d’affaires semble donc à première vue subir autant que l’aviation régulière les conséquences de cette pandémie mondiale.
Le Covid-19 paralyse l’économie mondiale et la mobilité des voyageurs
La Chine, le poumon de l’économie mondiale, est à l’arrêt autant au niveau de la production que de la consommation. Et cela a un impact sur tous les secteurs notamment de l’événementiel, du luxe et tourisme.
Nombre d’événements commerciaux internationaux ont été impactés par cette pandémie. C’est l’exemple du Salon Aéronautique de Singapour, plus grand salon de la région, qui a été boudé par la foule et par les industriels. “Plus de 70 exposants ne sont pas venus, dont des constructeurs importants du secteur tels que Lockheed Martin, Bombardier ou encore De Havilland” rapporte un journaliste de l’AFP début février.
Le nombre de vols en jets privés pour des raisons professionnelles vers ou depuis l’Asie a aussi été réduit. Les entreprises et les collaborateurs ne veulent pas s’exposer au virus. Le CEO d’AEROAFFAIRES, société spécialisée dans l’aviation d’affaires et de location de jets privés, nous confirme cette tendance: “Les hommes d’affaires Chinois qui se rendaient habituellement dans leurs installations en Europe ont annulé tous leurs déplacements aériens” mentionne François-Xavier Clerc.
Cette tendance se retrouve surtout dans le tourisme, le virus a frappé au même moment que le Nouvel An Chinois et pendant la période hivernale. L’attrait des étrangers pour la Chine est désormais remis en question, de même que les voyageurs Chinois annulent leurs séjours en dehors du monde du Milieu. Les professionnels s’en inquiètent très fortement, “Il est encore trop tôt pour estimer l’impact financier du coronavirus sur notre secteur, mais nous savons qu’il sera très lourd par rapport aux précédentes épidémies”, témoigne Jamis Wortley auprès du Figaro, responsable presse du World Travel and Tourism Council (WTTC).
Une pandémie qui met en lumière l’utilité des jets privés en situation de crise
A contrario, les jets privés ont démontré leur efficacité depuis le début de l’épidémie du coronavirus.
Des vols réguliers ayant été annulés vers et depuis la Chine, expatriés Chinois et voyageurs étrangers ont été bloqués à l’extérieur ou à l’intérieur du pays. Parmi eux, beaucoup se sont tournés vers l’affrètement d’avions privés pour rejoindre la Chine ou leur pays d’origine.
Certains États ont notamment fait appel à des affréteurs d’avion d’affaires pour rapatrier leurs ressortissants coincés en Chine. La France a fait affréter un Airbus A380 de la compagnie portugaise Hi Fly le 1er février dernier pour faire revenir 350 ressortissants Français et Européens.
Par ailleurs, en Europe, des jets privés configurés en avions sanitaires ont été réquisitionnés par les gouvernements pour transporter des malades suspectés d’être atteint du coronavirus Covid-19. L’opérateur allemand de jets privés, FAI Aviation Group, a annoncé l’achat d’une unité d’isolement médical portable fabriquée pour commencer à évacuer des patients atteints de coronavirus sans les mélanger au reste de la population. L’aviation privée a ainsi permis d’éloigner le risque de nouvelles contaminations à l’image de celle des Contamines-Montjoie, en Haute-Savoie, où un touriste Anglais a infecté une dizaine de personnes.
Des avions type cargo ont aussi servi à acheminer des fournitures et du matériel médical vers la Chine. Ces équipements permettent de soigner les malades et de réduire les risques infectieux dans les établissements de santé. Le Hubei Airports Group Company, gestionnaire de l’aéroport de Wuhan, a annoncé que la plateforme avait accueilli 44 vols charters transportant du matériel médical et 5000 membres de personnel médical.
Enfin, les personnes fortunées Chinoises ou Européennes ont optés plus que d’habitude pour le jet privé pour leurs déplacements. L’épidémie a répandu la crainte des foules, et notamment l’exposition au virus lors des déplacements avec des compagnies aériennes classiques. Justin Harper, journaliste de la BBC basé à Singapour, a rapporté que les familles qui peuvent se le permettre optent actuellement bien plus souvent pour l’aviation privée que pour les lignes commerciales. Même conclusion à Singapour pour MyJet Asia, la compagnie enregistre une hausse de 90% des demandes de jets privés en un mois, notamment en raison des Chinois qui cherchent à rentrer au pays rapporte RTBF.
Si le Covid-19 continue de faire des victimes et d’impacter toute l’économie mondiale, il a malgré tout permis de révéler le rôle indispensable de l’aviation d’affaires avec l’affrètement aérien. Il est probable qu’avec l’évolution du coronavirus et sa probable circoncision, les jets privés et les vols charters aient un rôle encore plus important à jouer dans les prochains mois.
Article rédigé par Marc Bolle