La semaine dernière, deux nouvelles compagnies, Corsair et French bee ont annoncé des vols entre Paris et New York. Au total ce ne sont pas moins de 10 compagnies différentes qui s’affrontent sur cet axe. Aucune autre liaison long-courrier au monde n’a autant d’acteurs différents. A titre de comparaison, seulement 6 compagnies différentes sont présentes entre Londres et New York, un marché pourtant plus important et qui dépasse le milliard de dollars.
Entre Paris et New York c’est la guerre
On retrouve trois modèles de compagnies, les traditionnelles dites « legacy » comme Air France, son allié de joint-venture Delta Air Lines, mais aussi United Airlines et American Airlines. Les transporteurs à bas coûts dits « low-cost » avec les françaises XL Airways (qui a demandé son redressement judiciaire) et French bee et les étrangères Norwegian et LEVEL. Enfin deux compagnies ont un modèle entre les deux, que nous qualifierons d’hybride, c’est dans cette catégorie qu’on retrouve Corsair qui propose 3 classes à bord ou bien La Compagnie, proposant uniquement de la classe affaires mais à prix réduits.
Cela se traduit par 16 vols par jour et par sens en moyenne, les « legacy » sont largement majoritaires en représentant près des deux tiers des vols, suivies par les « low cost » et enfin les « hybrid » qui effectuent entre 2 à 3 vols par jour.
Pour mieux comprendre ce marché, il est important de s’intéresser à l’offre de sièges par cabine. Au total, ce sont 5118 sièges qui sont proposés chaque jour et par sens entre Paris et New York. La Première Classe représente 0,4% de cette offre, la classe Affaires 11,5%, la premium Eco 5,7% et la classe économique 82,4%.
Avec ses 5 vols par jour, Air France est logiquement en tête dans chacune des cabines, elle a d’ailleurs le monopole pour la Première Classe puisqu’elle est la seule compagnie à proposer ce produit sur cet axe. En additionnant la capacité d’Air France et Delta Air Lines (du fait de leur joint-venture sur le transatlantique), le groupe offre 61% de la capacité en classe Affaires, 52% en Premium Eco (Delta ne propose pas sa Premium Select sur ces vols) et 47% en classe économique.
Avec ses 10 vols hebdomadaires en Airbus A321neo configuré uniquement avec 76 sièges de classe Affaires, La Compagnie arrive à se positionner seconde sur son segment en représentant 18% de l’offre de siège.
Avec le développement de la Premium Eco, comme expliqué dans notre infographie #28, beaucoup de compagnies s’intéressent à ce marché afin d’améliorer la recette de leurs vols, c’est pour cette raison que French Bee et Norwegian, toutes deux dépourvues de classe Affaires, offrent des capacités en premium éco plutôt importantes de 35 sièges sur leurs appareils, ce qui représente 12% de l’offre chacune.
En classe économique, la somme des transporteurs « low cost » représente 30% de l’offre, aidée par des cabines denses. En effet XL Airways propose 361 sièges dans ses Airbus A330-200 mono-classe en 9 de front et French Bee 376 sièges dans ses Airbus A350-900 en 10 de front.
Il est intéressant aussi d’observer que Corsair avec ses petites cabines Affaires (12 sièges) et Premium (12 sièges) ne représente que 2% et 4% de l’offre respectivement. Par ailleurs, LEVEL avec seulement 5 vols par semaine et son A330-200 peu densifié en 8 de front ne représente que 5% de l’offre que cela soit en économique ou en premium économique.
Aéroport de Newark Liberty ou de John F. Kennedy International ?
Les voyageurs entre Paris et New York ont le choix de leur aéroport de départ (Orly ou Charles de Gaulle) mais aussi de leur aéroport d’arrivée (Newark ou JFK).
Historiquement, l’aéroport de JFK est privilégié pour se rendre à New York, on y retrouve les « legacy » Air France, Delta Air Lines, American Airlines et la « low-cost » Norwegian. À Newark (EWR), on retrouve United à son fief et des compagnies plus récentes comme La Compagnie, XL Airways, French bee, Corsair et LEVEL. Il faut dire que la saturation de JFK ne laisse pas vraiment le choix aux nouveaux entrants.
Le débat entre les deux aéroports est sans fin, mais sur Flight-Report, celui de New York JFK est sensiblement préféré avec une moyenne de 7,4/10 contre 6,4/10 pour son concurrent de l’autre côté de l’Hudson.
En termes de salons, JFK abrite les salons flagship d’American Airlines qui recueillent les meilleures notes, suivi par celui d’Air France au Terminal 1 et de Delta Air Lines au Terminal 4. Du côté d’EWR, on retrouve le superbe salon Polaris de United Airlines (non évalué) et le salon multi-compagnie « Art & Lounge » qui ne décroche même pas la moyenne.
Classement des meilleures compagnies
Sur cette route ultra-concurrentielle, les compagnies se doivent d’avoir des tarifs attractifs et de suivre continuellement la concurrence, cependant l’aspect produit ne doit pas être délaissé et nous avons comparé sur Flight-Report les notes de chacune des compagnies.
En classe économique, LEVEL décroche la meilleure note avec 8,34/10, une excellente note liée en grande partie à un excellent rapport qualité/prix, la compagnie opérant avec des Airbus A330-200 neufs et peu densifiés avec seulement 8 sièges de front. A l’inverse XL Airways et ses anciennes cabines en 9 de front et sans écran individuel est logiquement sanctionnée avec seulement 6,53/10 de moyenne.
En premium Eco, on retrouve Corsair sur la première marche du podium que nous avions déjà couronnée lors de notre infographie #28. Air France avec sa cabine premium Eco dépassée ferme la marche. A noter que nous ne disposons pas d’évaluations suffisantes pour les produits premium Eco de Norwegian, United et French bee.
Enfin, en classe Affaires, American Airlines s’offre la meilleure note avec 8,2/10, la compagnie américaine est appréciée pour le confort de ses nouveaux sièges Super Diamond qui équipent ses Boeing 777 opérant sur la route.
Air France prend la deuxième place avec une bonne moyenne de 8,01/10, mais attention lors de votre réservation, puisqu’avec 2 A380 par jour, c’est 56% de son offre en classe affaires sur cet axe qui est proposée avec des sièges d’ancienne génération dits « toboggan ».
La Compagnie s’offre la troisième place du classement, avec le remplacement de ses anciens Boeing 757 par des Airbus A321neo, elle gagnera logiquement des points grâce à un siège full flat et un Wi-Fi à bord gratuit. Corsair avec la même génération de siège qu’Air France sur A380, ferme ce classement, heureusement, les Airbus A330neo en commande seront affecté sur New York dès septembre 2020 et avec un siège entièrement nouveau.
Conclusion
Avec 10 opérateurs différents, la ligne Paris – New York devient la plus concurrentielle au monde et le risque de saturation n'aura jamais été autant élevé.
Si la pérennité des compagnies traditionnelles n’est pas à craindre du fait de leur présence historique, de leurs contrats firmes et de la fidélité de leurs clients, il en est plus à craindre pour les compagnies « low cost » dont leur seule attractivité réside par le prix. La compagnie XL Airways en serait selon toute vraisemblance la première victime avec un risque important de liquidation et de cessation d’activité dans les jours à venir.
En terme de produits, les compagnies aiment positionner leurs derniers produits sur cet axe à l’instar de United qui y opère son tout dernier Boeing 787-10 ou de Corsair qui a déjà annoncé qu’un Airbus A330neo (-900) opérera la route dès sa livraison.
Il ne fait nul doute que tous ces acteurs vont s’affronter durement au profit du passager, French bee fait le pari que le marché sera stimulé mais invariablement, les compagnies les plus fragiles seront poussées vers la sortie.
Méthodologie
Moyenne des notes attribuées par les contributeurs de Flight-Report aux aéroports de JFK et EWR (départ et arrivée), aux compagnies concernées, sur appareil gros porteur, et portant sur des récits de voyages effectués au cours des 24 derniers mois (septembre 2017 – août 2019). 1112 récits ont été comptabilisés pour établir ces classements. Les données brutes et la méthodologie complète utilisées pour cette étude sont disponibles sur demande à contact@flight-report.com.
4 commentaires
je ne suis pas étonné je me souviens des difficultés faites par les américains pour accepter que le concorde ne se pose sur leur sol
Là c’est assez différent, la guerre est entre les compagnies aériennes.
Une guerre qui va faire mal… ça a commencé avec XL Airways…
C’est bien triste pour XL et son boss Laurent Mangin