Le transport aérien, avec 4,5 millions de passagers transportés en 2019, occupe une place essentielle dans le modèle de mobilité des sociétés modernes. La filière aéronautique est l'une des plus importantes en Europe. Elle représente 13,5 millions d'emplois directs et indirects. En France, la filière génère 74 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2019 et soutient un écosystème de 350 000 emplois industriels directs.
Aviation décarbonée : embarquement immédiat
Réussir la transition énergétique de ce secteur est indispensable pour lutter efficacement contre le changement climatique mais aussi pour préserver la compétitivité et la souveraineté de la France et de l'Europe en particulier.
Face à cet enjeu, l'Institut Montaigne publie aujourd'hui le rapport Aviation décarbonée : embarquement immédiat et appelle les États à se mobiliser en soutenant l'investissement permettant la production massive des carburants d'aviation durables nécessaire à la transition du secteur, dont les besoins sont estimés à 1000 milliards de dollars par an.
Sur la base d'une quarantaine d'auditions avec des acteurs de l'écosystème aéronautique (acteurs économiques, experts académiques, représentants des pouvoirs publics français, etc.), le think tank met également à la disposition des parties prenantes du secteur aérien une feuille de route pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2050.
Cette dernière repose sur quatre leviers :
- l'accélération des développements technologiques (~34 % de l'effort de décarbonation à horizon 2050) ;
- l'optimisation des opérations en vol et au sol (~7 % de l'effort de décarbonation à horizon 2050) ;
- le développement des carburants alternatifs (~53 % de l'effort de décarbonation à horizon 2050) ;
- le renforcement des mesures de compensation entre les États (~6 % de l'effort de décarbonation à horizon 2050).
II est urgent de mettre en place une action coordonnée entre le secteur aéronautique, les acteurs de la production électrique et les producteurs de carburants de substitution
Quatre leviers prioritaires pour décarboner le transport aérien à horizon 2050
Si la filière a déjà engagé un effort sur la maîtrise de son empreinte carbone – depuis 1990, les émissions de CO2 du secteur ont augmenté annuellement de 2,49 %, alors que le trafic aérien a connu une croissance annuelle de 5,33 %, des leviers supplémentaires existent et doivent tous être activés pour permettre à la filière de l'aérien d'aller plus loin dans sa transition et d'atteindre ses objectifs d'ici à 2050 :
- les développements technologiques (~34 % de l'effort de décarbonation à horizon 2050) : la mise en œuvre d'innovations technologiques sur la motorisation et sur la structure des appareils est incontournable pour réduire leur consommation. Plusieurs concepts sont à l'étude, les plus emblématiques portant sur la propulsion (hybride) électrique d'une part et sur la propulsion à l'hydrogène d'autre part. Le renouvellement des avions est également fondamental pour capter les évolutions technologiques en faveur de la réduction de la consommation et des émissions de CO2.
Recommandation n°1 : accélérer le développement des technologies de rupture en complément d'une accélération de la baisse de consommation incrémentale des appareils.
Recommandation n°2 : faciliter le financement du renouvellement des appareils anciens par des appareils plus récents et moins émetteurs dans le cadre de la taxonomie et/ou via des mécanismes de suramortissement.
- L'optimisation des opérations en vol et au sol (~7 % de l'effort de décarbonation à horizon 2050) : améliorer l'efficacité des opérations en vol et au sol peut contribuer à réduire les émissions de CO2 et à atteindre l'objectif de neutralité carbone en 2050 : l'optimisation de la gestion du trafic et des espaces aériens, des vols et trajectoires des avions, des opérations au sol et du choix d'équipement et de maintenances pratiques représentent un levier de réduction complémentaire.
Recommandation n°3 : mettre en place les leviers de réduction de la consommation liés à l'opération des appareils.
Recommandation n°4 : favoriser l'intermodalité pour les débuts/fin de parcours, en particulier en assurant des liaisons entre les principales gares ferroviaires et aérogares pour faciliter la transition et en mettant en place des parcours passagers intégrés.
- Les carburants alternatifs (~53 % de l'effort de décarbonation à horizon 2050) : le principal levier de décarbonation du secteur aérien consiste à remplacer les carburants fossiles (kérosène) par des carburants durables d'aviation : biocarburants, carburants de synthèse et hydrogène. Leur développement nécessitera à la fois de générer de la visibilité sur la demande des compagnies aériennes et de soutenir la production afin de développer une filière européenne compétitive.
Recommandation n°5 : clarifier la définition des Sustainable Aviation Fuel (SAF) et veiller à leur utilisation pour atteindre l'objectif de réduction des émissions.
Recommandation n°6 : soutenir l'offre pour créer un marché des SAF compétitif en Europe.
Recommandation n°7 : limiter les distorsions de concurrence entre hubs / compagnies aériennes.
Recommandation n°8 : promouvoir le carburant de synthèse pour dynamiser la mise en place d'une filière de production d'hydrogène de grande échelle.
- Les mesures de compensation (~6 % de l'effort de décarbonation à horizon 2050) : il est certain que la décarbonation sera réalisée à différentes vitesses en fonction de la situation et des ambitions de chaque État et les institutions devront être vigilantes à ce que les mesures prises localement ne génèrent pas de distorsion de concurrence à l'encontre des pays les plus volontaristes, il est donc essentiel que les différents systèmes de quotas carbone convergent vers l'objectif de neutralité carbone.
Recommandation n°9 : à court-terme, mettre en place un mécanisme pour limiter la distorsion de concurrence liée au trafic de correspondance entre l'Europe et le reste du monde soumis à l'EU-ETS, par exemple en maintenant une fraction des quotas gratuits pour assurer une concurrence équilibrée avec les vols soumis au système CORSIA.
Recommandation n°10 : renforcer les systèmes de quotas carbone existants et développer de nouveaux mécanismes pour étendre leur couverture aux émissions du trafic aérien non couvertes à ce jour.
La décarbonation du transport aérien nécessite un soutien massif des États
Recommandation n°11 : mettre en place une politique d'investissement massive dans les énergies décarbonées, au-delà du remplacement des modes de production actuellement utilisés, pour répondre aux nouveaux besoins des acteurs du transport à l'horizon 2050.
2 commentaires
et ça reste le moyen le plus rapide pour les longues distances
ou pour des liaisons inter régions ne l’oublions pas