Vous êtes-vous déjà demandé comment un aéroport pouvait réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre tout en garantissant un fonctionnement optimal de ses infrastructures ? L’Aéroport de Bordeaux apporte aujourd’hui un début de réponse concret avec l’inauguration de son tout nouveau système de pompe à chaleur géothermique. Ce projet ambitieux, réalisé en partenariat avec Elcimaï Environnement, s’inscrit pleinement dans une démarche vers l’autosuffisance énergétique et la neutralité carbone à l’horizon 2030.
Une ambition claire : le Net Zéro d’ici 2030
Depuis plusieurs années, l’Aéroport de Bordeaux s’engage dans une transformation énergétique profonde. Son objectif est sans équivoque : atteindre le Net Zéro Emission sur les scopes 1 et 2 d’ici 2030. Cela signifie qu’il vise à supprimer, ou compenser, toutes les émissions de gaz à effet de serre générées directement par ses infrastructures et consommations énergétiques.
Pour y parvenir, plusieurs leviers ont déjà été activés :
- La rénovation énergétique de bâtiments
- L’installation de panneaux photovoltaïques
- L’achat d’électricité verte
La mise en œuvre de la géothermie représente désormais un pilier central de cette stratégie.
La géothermie : une énergie locale, renouvelable et durable
Sous vos pieds, une ressource naturelle encore trop peu exploitée : la chaleur du sous-sol. C’est sur cette ressource que l’Aéroport de Bordeaux a décidé de s’appuyer, avec le soutien technique et environnemental d’Elcimaï Environnement.
Depuis 2023, ce partenaire expert pilote la conception et le suivi des travaux pour mettre en place un système innovant de pompe à chaleur géothermique. Celui-ci repose sur une boucle de température fonctionnant entre 12°C et 22°C, alimentée par un doublet de forage (un puits de captage et un puits de rejet), permettant de puiser l’énergie thermique du sous-sol.
Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes
Les retombées attendues de ce projet sont significatives, à la fois en termes de performance énergétique et de réduction d’émissions :
- 40 % des besoins annuels en chaleur couverts
- 63 % des besoins annuels en froid assurés
- 486 tonnes de CO₂ évitées chaque année
- 1 058 MWhep d’économie d’énergie primaire
Autrement dit, c’est un véritable bond en avant pour la transition énergétique de la plateforme aéroportuaire.
Un sous-sol bordelais aux ressources précieuses
Peu le savent, mais le sous-sol de l’agglomération bordelaise recèle un fort potentiel géothermique. Les strates de calcaire accumulées sur près de 2 000 mètres d’épaisseur au fil des millénaires forment un réseau naturel de nappes souterraines où l’eau circule abondamment.
C’est précisément cet aquifère, situé à environ 120 mètres de profondeur dans les couches oligocènes, qu’Elcimaï Environnement a choisi d’exploiter. En plaçant les puits à proximité immédiate de la chaufferie de l’aéroport, les pertes d’énergie sont limitées, tout comme la longueur des réseaux de distribution.
Une technologie à haute efficacité : la thermofrigopompe
La solution retenue pour l’Aéroport de Bordeaux n’est pas une simple pompe à chaleur. Il s’agit d’un système de thermofrigopompe, capable de produire simultanément chaleur et froid.
Cette technologie se distingue non seulement par son efficacité énergétique, mais aussi par le gain de place qu’elle représente. Par rapport aux chaufferies classiques fonctionnant au gaz naturel, elle permet :
- une réduction des émissions de CO₂
- une autonomie énergétique renforcée
- une meilleure valorisation des espaces techniques
Avec une capacité de production de chaleur d’environ 700 kW, les nouvelles installations couvriront environ 60 % des besoins en chauffage et 40 % des besoins en climatisation des locaux.
Un chantier exigeant dans un environnement sensible
Mettre en place un tel dispositif dans une zone aussi réglementée qu’un aéroport n’est pas une mince affaire. Comme l’explique Fabien Doumerc d’Elcimaï Environnement, les contraintes aéronautiques ont imposé de positionner les puits côté piste.
Des mesures strictes de sécurité ont donc été mises en place tout au long des travaux, afin de respecter les normes en vigueur sans compromettre la qualité de l’ouvrage. Le positionnement optimal des équipements a permis de limiter les distances de réseau, tout en optimisant le rendement thermique.
Une démarche qui dépasse la technique
Si ce projet est impressionnant sur le plan technique, il porte aussi une vision forte : celle d’un aéroport engagé dans la transition énergétique locale, responsable et exemplaire. En choisissant d’utiliser une ressource naturelle présente sur son propre territoire, l’Aéroport de Bordeaux affirme sa volonté d’ancrer son développement dans une logique de durabilité.
Il ne s’agit pas uniquement de répondre à des obligations réglementaires, mais bien d’anticiper les enjeux de demain : la raréfaction des énergies fossiles, la lutte contre le réchauffement climatique et la nécessité d’adapter nos infrastructures aux défis environnementaux.
Conclusion : Un modèle à suivre
Une étape majeure vers un avenir plus vert
Ce projet géothermique ne représente pas une simple avancée technologique : c’est une déclaration d’intention. Celle d’un aéroport qui choisit d’agir plutôt que de subir, et qui mise sur l’innovation pour bâtir un futur plus respectueux de l’environnement.
En combinant expertise, ambition et sens des responsabilités, l’Aéroport de Bordeaux et Elcimaï Environnement montrent qu’il est possible de concilier performance, sécurité et écologie. Une initiative inspirante, qui pourrait bien faire école dans d’autres aéroports en France et en Europe.
Vous aussi, en tant que citoyen, passager ou acteur du territoire, êtes directement concerné par ces choix. Car chaque pas vers l’autonomie énergétique est aussi un pas vers un monde plus soutenable pour tous.