Alors que le gouvernement envisage d’alourdir encore la fiscalité pesant sur le transport aérien domestique, le SCARA (Syndicat des Compagnies AéRiennes Autonomes) tire la sonnette d’alarme. Le syndicat souligne l’absence de certaines données objectives essentielles dans les discussions actuelles, et alerte sur le risque d’une politique fiscale contre-productive, tant pour l’économie que pour la connectivité des territoires.
L’aérien domestique menacé par de nouvelles taxes : le SCARA dénonce une fiscalité injuste
Alors que le gouvernement envisage de nouvelles taxes sur le transport aérien intérieur, le SCARA (Syndicat des Compagnies AéRiennes Autonomes) monte au créneau pour alerter sur une situation qu’il juge inéquitable et contre-productive. Vous vous interrogez peut-être sur l’utilité de taxer davantage un secteur déjà en mutation écologique ? Cet article vous propose un décryptage clair des enjeux et des positions en présence.
Une fiscalité qui pèse lourd sur le transport aérien domestique
Le transport aérien français est aujourd’hui l’un des plus fiscalisés d’Europe. À chaque billet d’avion vendu pour un vol intérieur, plusieurs taxes s’additionnent : taxe de solidarité, éco-contribution, redevances aéroportuaires… La liste est longue, et pourtant, l’État envisage d’en rajouter une couche dans le cadre du projet de loi de finances 2026.
Néanmoins, selon le SCARA, ces nouvelles charges mettraient en péril un secteur déjà fragilisé par la crise sanitaire et par une reprise du trafic encore incomplète. En ciblant uniquement les compagnies aériennes domestiques, ces taxes créeraient un déséquilibre vis-à-vis des autres modes de transport.
Un secteur pourtant engagé dans la transition écologique
Contrairement à certaines idées reçues, l’aviation domestique française ne reste pas passive face à l’urgence climatique. Depuis 2024, c’est même le seul mode de transport national à compenser intégralement ses émissions de CO₂. Cette compensation passe par un mécanisme imposé par la loi Climat et Résilience, combiné à l’obligation européenne des quotas carbone (ETS).
Autrement dit, à chaque vol, les émissions sont neutralisées par des investissements dans des projets environnementaux : séquestration carbone, développement des énergies renouvelables, transition agricole… Une démarche concrète, mesurable et, surtout, immédiate. Vous pensiez que le secteur aérien ne s’engageait pas ? Ces chiffres racontent une autre histoire.
Une empreinte foncière bien moindre que celle du rail
Un autre argument avancé par le SCARA concerne l’impact au sol. Contrairement au réseau ferroviaire, le transport aérien occupe très peu d’espace : moins de 100 kilomètres de pistes d’atterrissage cumulées, contre 12 000 kilomètres de lignes TGV, dont 3 000 km à grande vitesse. Des données officielles fournies par le ministère de la Transition écologique qui illustrent un point souvent négligé dans le débat : l’empreinte foncière est un enjeu écologique majeur.
De plus, les zones aéroportuaires jouent un rôle surprenant dans la préservation de la biodiversité. Leurs prairies sont fréquemment des sanctuaires pour des espèces animales et végétales menacées. Un aspect peu connu, mais qui mérite d’être pris en compte dans l’évaluation environnementale globale.
Une contribution solidaire… à sens unique
La solidarité nationale ne devrait-elle pas s’appliquer de manière égale à tous les modes de transport ? Aujourd’hui, seuls les passagers aériens payent une taxe de solidarité, dite taxe « Chirac », d’un montant de 7,40 € par passager. Cette taxe finance non seulement la lutte contre les pandémies dans le monde, mais aussi… les infrastructures ferroviaires, fluviales et routières.
Autrement dit, les compagnies aériennes financent indirectement leurs concurrents, sans bénéficier du moindre retour. Le SCARA souligne une inégalité criante : pourquoi cette taxe ne s’applique-t-elle pas aux 120 millions de passagers annuels du TGV ? Son extension permettrait à l’État de récupérer environ 900 millions d’euros par an.
Le transport aérien s’autofinance intégralement
Contrairement au rail ou à la route, le transport aérien ne bénéficie d’aucune subvention publique pour ses infrastructures. Les compagnies paient elles-mêmes la construction et l’entretien des aéroports, la navigation aérienne, la sécurité. Une autonomie financière rarement mise en avant dans les débats publics, et qui, selon le SCARA, mérite d’être reconnue.
Pire encore, cette indépendance budgétaire ne semble pas dissuader l’État de prélever des taxes supplémentaires, qui contribuent… à la rénovation du réseau ferré. Un paradoxe qui renforce le sentiment d’injustice au sein des compagnies aériennes indépendantes.
Un appel au débat avant de légiférer
Le SCARA ne se contente pas de critiquer. Il appelle à un débat public basé sur des données objectives avant toute décision dans le cadre de la prochaine loi de finances. Car au-delà des chiffres, ce sont des choix d’aménagement du territoire, d’équité et de stratégie industrielle qui sont en jeu.
Le transport aérien domestique remplit une mission de service public essentielle, notamment dans les régions enclavées ou peu desservies par le TGV. Vous habitez en province et avez besoin de rejoindre rapidement une grande ville ? Pour beaucoup, l’avion reste la seule solution. Taxer encore davantage ce mode de déplacement reviendrait à pénaliser les territoires et les populations déjà isolés.
Conclusion : une équité fiscale à réinventer
Pour une fiscalité juste et écologiquement cohérente
Vous l’aurez compris, le débat sur la taxation du transport aérien domestique dépasse largement la question des finances publiques. Il interroge notre rapport à la mobilité, à l’écologie et à la justice fiscale. Le SCARA met en lumière des incohérences qui méritent d’être débattues sans idéologie, en s’appuyant sur des faits.
La transition écologique ne peut pas reposer uniquement sur des hausses de fiscalité ciblées. Elle doit être partagée, réfléchie, et surtout équitable. Car il en va aussi de la cohésion des territoires, de l’accessibilité pour tous… et de l’efficacité réelle des mesures prises pour le climat.