NAE organisait le 22 novembre dernier son séminaire annuel réunissant la totalité de ses membres PME, ETI, start-up, laboratoires, établissements d’enseignement et grands industriels, mais aussi des personnalités emblématiques nationales. L’occasion de revenir sur les nombreux défis à relever pour la supply chain de la filière aéronautique, spatiale, défense et sécurité à l’heure de la montée en cadence post-covid et de l’accélération de la décarbonation.
Le séminaire annuel de NAE réunissait plusieurs grands noms du secteur : Dassault Aviation, DGA, Naval Group, Safran, Thales, mais également les directions du GIFAS, du GICAN et du GICAT qui ont échangé avec les PME et ETI de la filière à l’occasion de tables rondes.
Parmi les enjeux majeurs qui unissent les grands industriels et les acteurs de la supply chain dans des efforts conjoints, figurent en premier lieu la décarbonation et la montée en cadence.
Une transition écologique qui s’accélère
Anne Bondiou-Clergerie, Directeur des Affaires R&D, Espace et Environnement du GIFAS, est revenue sur les leviers de la réduction carbone, rappelant que si le secteur de l’aéronautique au sens large est décrié comme un contributeur important à l’impact environnemental, il est toutefois un de ceux qui œuvrent depuis de nombreuses années pour le climat avec 2% des émissions mondiales de CO2 et 1,4% au niveau national.
Les acteurs de la filière agissent depuis plusieurs années sur les produits et vecteurs de mobilité que les secteurs aéronautique, spatial, défense et sécurité produisent pour réduire leur empreinte environnementale. Mais, comme l’a rappelé Eddy Poitrat, ingénieur énergie & effet de serre à l’ADEME, la crise a un effet d’accélérateur sur cette transition écologique. Les objectifs de réduction de consommation d’énergie seront revus à la hausse et des projets mis de côté sont relancés du fait de l’envolée des prix de l’énergie qui impose une sobriété énergétique. Jean-Marie Guérin, Directeur coordination industrielle groupe chez Naval Group, Arnaud de Bussac, directeur Stratégie & Progrès chez Safran Nacelles et Anne-Laure Louedec, Responsable Energie & Environnement chez Thermocoax, ont témoigné des mesures mises en place dans leur entreprise respective. On relèvera la pertinence des actions opérationnelles de court terme comme l’installation de panneaux photovoltaiques, la généralisation des LED, la programmation d’arrêt des machines. A moyen terme, de gros travaux portent sur la suppression des consommations de gaz naturel et sur le déploiement de systèmes de management de l’énergie qui constituent un réel levier de maîtrise des coûts et de compétitivité.
L’empreinte carbone de leurs fournisseurs étant de plus en plus un un critère d’achat pour les grands industriels, ces derniers montrent l’exemple, à l’instar de Safran Nacelles qui va être pilote du groupe Safran pour déployer un plan d’accompagnement auprès des PME.
Une montée en cadence bousculée par des attentes de plus en plus contraignantes envers la supply chain
La reprise de l’activité impose une montée en cadence des fournisseurs qui doivent dans le même temps répondre aux objectifs de plus en plus exigeants que leur assignent les grands industriels : excellence opérationnelle, transformation digitale, cybersécurité, réduction de leur empreinte environnementale, taille critique…
S’y ajoutent les contraintes conjoncturelles : pénurie de composants électroniques et de matières premières, augmentation du coût des énergies…
Dans un tel contexte, une question se pose : la supply chain pourra-t-elle mener tout cela de front ?
Conscients de ces difficultés rencontrées par leurs fournisseurs, les grands industriels doivent adapter leur politique achat. Comme le soulignent Sonia Buisson, Directrice de Département Achat chez Safran Aerosystems et Dominique Stefani, Senior Vice President Strategic Purchasing chez Dassault Aviation, une démarche collaborative s’impose et les grands industriels doivent aider leur supply chain à gérer l’hyperinflation et les difficultés d’approvisionnement. Les demandes de révision des prix de leurs fournisseurs sont ainsi scrupuleusement étudiées aux cas par cas. Leur contrat cadre achat peut être mis à la disposition de leur supply chain pour faciliter leur approvisionnement en matières premières pour les matières qualifiées. L’accompagnement peut aller jusqu’à l’aide au recrutement et à la fidélisation de compétences avec un support aux écoles de formation de leurs fournisseurs, ou l’organisation de visite de leurs usines emblématiques. L’enseignement général étant de donner de la visibilité sur les commandes, ainsi que l’engagement réciproque et le partage de risques pour ne pas bloquer la supply chain.
Enfin, comme le souligne Alain Dulac, Président directeur général de Factem, également Président de l’axe compétitivité de NAE, les entreprises de la filière doivent poursuivre leurs démarches de consolidation (partenariats, acquisitions) pour se donner les moyens d’atteindre la masse critique requise par les donneurs d’ordre dans leurs appels d’offres. Les critères de sélection plaçant en première ligne la performance et la pérennité dans le management des obsolescences. Les grands groupes ont néanmoins un rôle stratégique à mener pour permettre une valorisation correcte des PME.
2 commentaires
pas évident du tout
Un vrai sujet.