Décarbonation de l’aviation générale : Aerospace Valley et l’UAF font le point sur les nouveaux usages et l’évolution des infrastructures aéroportuaires.
Décarbonation de l’aviation générale : nouveaux usages et l’évolution des infrastructures aéroportuaires
Le 10 novembre, à La Rochelle, le Pôle de compétitivité Aerospace Valley a orchestré une journée de partage et de réflexion axée sur la réduction des émissions de carbone dans l’aviation générale.
Cette initiative s’inscrit dans la continuité des Journées MAELE consacrées à la Mobilité Aérienne Légère Verte et Durable, qui ont eu lieu en 2022 et 2021 à Bordeaux et Toulouse*. Cette rencontre a spécifiquement examiné les nouveaux usages de l’aviation générale à faible empreinte carbone, mettant l’accent sur la nécessité d’adapter les services et les infrastructures des aérodromes.
Avionneurs, opérateurs et aérodromes se sont rassemblés en collaboration avec la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile), les régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine, ainsi que les experts d’Aerospace Valley. Ils ont travaillé conjointement sur les leviers visant à accroître l’attrait des territoires, à explorer les nouveaux usages rendus possibles par l’introduction d’aéronefs à faible empreinte carbone, à discuter de l’évolution des flottes d’aéronefs, ainsi qu’à débattre des énergies et des infrastructures à mettre en place.
Les avionneurs présents, tels que Beyond Aero, Daher, Elixir Aircraft et Voltaero, ont exposé les aéronefs actuellement en phase de développement ou de commercialisation. Ils ont présenté les missions envisagées, en mettant l’accent sur la perspective de lignes aériennes régionales à faible émission de carbone. De plus, l’état d’avancement des technologies embarquées a été abordé, tout comme les exigences en termes d’infrastructures nécessaires à l’exploitation de ces aéronefs.
De leur côté, les opérateurs tels qu’AéroPyrénées, Amelia, Green Aerolease, l’Odyssey, Openfly et Sigma Air Mobility ont ensuite exposé leur vision quant à l’intégration de ces nouveaux avions au sein de leurs flottes. Ils ont précisé les types de missions pour lesquelles ils envisageaient ces aéronefs et ont identifié les infrastructures nécessaires pour mener à bien ces missions de manière efficace.
Ces présentations ont ensuite alimenté les discussions lors des ateliers de l’après-midi, au cours desquels 13 aérodromes (Angoulême, Auch, Bordeaux-Mérignac, Cahors, Carcassonne, Jonzac, La Rochelle, Libourne, Niort, Pau, Perpignan, Rochefort et Tarbes) ont travaillé sur les particularités de leur situation respective.
En résumé de cette journée d’échanges et de réflexion sur la décarbonation de l’aviation générale :
- Tous les participants anticipent l’introduction des avions électriques et envisagent les nouveaux usages qui en découlent, ainsi que l’évolution nécessaire de leurs infrastructures. En effet, la totalité d’entre eux exprime l’intention d’installer à court terme des bornes de recharge électrique pour avions et véhicules terrestres, voire l’ont déjà fait.
- Diverses approches sont envisagées : certains aspirent à se positionner pour accueillir des expérimentations d’avions à faible empreinte carbone, tandis que d’autres souhaitent renforcer les liaisons aériennes vers des hubs en avion décarboné. Certains manifestent également l’intérêt de développer des activités de maintenance liées aux nouvelles propulsions électriques.
- L’introduction d’avions jusqu’à 19 places, silencieux et à faibles émissions carbone, favorisera le désenclavement des territoires, avec la possibilité pour certains aérodromes de devenir des hubs régionaux. La complémentarité avec le train est par ailleurs soulignée comme un avantage significatif, avec le potentiel de répondre à la demande vers les extrémités des lignes ferroviaires existantes. De plus, l’extension des opérations de nuit grâce à des moteurs électriques et des hélices plus silencieuses ouvre de nouvelles perspectives pour le fret et d’autres missions.
- En ce qui concerne les énergies et les infrastructures, l’ensemble des formes d’énergies visant à décarboner les activités aériennes ont été discutées. Cela englobe l’énergie nécessaire à la propulsion de l’avion (énergie électrique via batterie, pile à combustible ou carburants durables), l’électrification des engins de piste (GSE), la mise en place de stations multi-énergies pour les véhicules terrestres à proximité de l’aérodrome (voitures, bus, camions, bennes à ordures), jusqu’à la production d’électricité photovoltaïque sur les plateformes aéroportuaires.
« En rassemblant l’écosystème régional de l’aéronautique, nous avons pu réfléchir ensemble à l’aviation de demain, l’aviation de loisir, d’affaire et régionale de proximité qui va se transformer d’ici 2025-2030 pour s’appliquer ensuite à l’aviation commerciale. Les innovations augurent de nouveaux usages pour le transport aérien de proximité inter ou intra régional tant pour les passagers que pour le fret. Le réseau aéroportuaire français de proximité sera un atout indéniable pour permettre l’émergence de cette aviation régionale de demain et améliorer les connections entre les villes » a souligné Thomas Juin, président de l’Union des Aéroports Français (UAF), en conclusion de la journée.
*L’initiative MAELE, lancée en novembre 2020 par le Pôle Aerospace Valley et soutenue par les Régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, se concentre sur l’aviation légère, segment parfait des aéronefs pour implanter opérationnellement à court et moyen terme les technologies de décarbonation (électrique et hydrogène). La communauté MAELE compte aujourd’hui plus de 350 acteurs. L’objectif est d’affirmer le leadership de la France dans la construction de l’avion bas-carbone de demain. MAELE est un facilitateur de projets, permettant de financer efficacement les différentes initiatives.