Comment capter l’attention des élèves et leur donner envie d’apprendre tout en les aidant à se projeter dans un avenir professionnel ? Alexandra, professeure de mathématiques au collège François Mitterrand de Créon, près de Bordeaux, a trouvé une réponse originale à cette question : concevoir un projet pédagogique autour de la fabrication de fusées.
Un projet interdisciplinaire et immersif
Lancé il y a environ huit ans en collaboration avec une professeure d’anglais, ce programme repose sur un apprentissage concret et pluridisciplinaire. Tout est parti d’un film inspirant, « Les Figures de l’ombre », mais aussi d’un constat : « On a la chance d’être proches de l’Aérocampus. Pourquoi ne pas en faire un atout pour nos élèves ? », raconte Alexandra.
Chaque année, une trentaine d’élèves conçoit leur fusée sur des logiciels avant de la modéliser avec des matériaux réels. « Certains élèves pensent que construire une fusée, c’est réservé aux ingénieurs de la NASA. Quand ils voient leur propre modèle prendre forme, ils réalisent qu’ils en sont capables eux aussi ! » se réjouit la professeure de mathématiques.
Pour le lancement, une autorisation est nécessaire, obtenue grâce à l’agrément de l’AJSEP (Association Jeunesse Sciences Espace Passion). Alexandra, elle-même, a suivi une formation avec Planète Sciences et ArianeGroup pour encadrer cette étape.
Un apprentissage actif et motivant
Ce dispositif dépasse largement le cadre scolaire. Il repose sur une pédagogie où les élèves sont impliqués de A à Z. L’enseignante peux en témoigner : « Je les vois se transformer au fil des semaines. Au début, ils doutent, ils tâtonnent. Puis vient le moment où tout s’imbrique, où ils me disent : « Madame, ça marche ! » Et là, c’est gagné. »
L’anglais joue aussi un rôle clé : les élèves découvrent la conquête spatiale et les enjeux historiques liés à la guerre froide, tout en travaillant sur du vocabulaire technique.
Les rencontres avec des experts et des visites d’entreprises permettent également d’ouvrir de nouvelles perspectives. « Ce qui les frappe, c’est que le spatial n’est pas qu’une affaire de scientifiques en blouse blanche. Il y a des techniciens, des informaticiens, des communicants… et tout ce beau monde travaille ensemble ! » raconte la professeure.
Une orientation facilitée et une ouverture sur le monde professionnel
Le projet s’étend sur plusieurs années. Dès la 5ème, les élèves sont repérés en fonction de leur curiosité et de leur appétence pour le secteur scientifique. En 4ème, ils peuvent intégrer cette classe spécifique. « J’ai des élèves qui me disent : « Avant, je ne savais pas quoi faire plus tard. Maintenant, je veux travailler dans l’aérospatial. » C’est la plus belle récompense, » confie Alexandra. Certains anciens participants poursuivent d’ailleurs des études en aéronautique.
Encourager les filles dans les sciences
Le 11 mars dernier, Alexandra et ses élèves ont participé à la 4ème éditions des « Rencontres Féminisons les métiers de l’aéronautique et du spatial », un événement organisé par Aérométiers sur la base aérienne 106 de Bordeaux-Mérignac. « Je voulais que les filles rencontrent des modèles inspirants, qu’elles sachent qu’elles ont toute leur place dans ces métiers, » insiste-t-elle. Lors de cette journée, Alexandra a aussi découvert des outils pédagogiques utiles pour l’orientation. « J’aimerais savoir s’il existe des ressources similaires dans d’autres domaines comme la santé ou l’ingénierie, » s’interroge l’enseignante.
À leur retour à l’établissement, Alexandra a recueilli leurs impressions. « Une de mes élèves m’a dit : « C’était incroyable cette journée, madame ! » » raconte-t-elle avec enthousiasme. Les retours ont varié selon leurs centres d’intérêt : Chloé, passionnée par l’espace, a particulièrement apprécié pouvoir échanger avec une élève de Supaero : « Elle nous a expliqué son parcours, et je me suis dit que moi aussi, je pouvais y arriver ! » Léa, qui envisage un bac pro en maintenance, a été marquée par sa discussion avec des mécaniciennes : « Elles m’ont montré que les femmes avaient toute leur place dans ce domaine. »
La démonstration finale sous un Mirage et le son assourdissant du Rafale ont également marqué les esprits. « On l’a senti vibrer jusque dans nos tripes, c’était impressionnant ! » rapportent les jeunes.
Une pédagogie pour préparer l’avenir
Toujours en quête d’innovation, Alexandra a inscrit quelques-uns de ses élèves de 4ème à un concours de pilotage de drones programmables via Scratch. Elle rêve aussi d’organiser une visite au Salon du Bourget en juin 2025, et s’y projette déjà : « Imaginez leurs yeux en voyant un Rafale de près ! Rien ne remplace l’expérience sur le terrain. »
Un tel projet illustre parfaitement l’intérêt d’une approche pédagogique immersive et interdisciplinaire. Cette initiative prouve qu’apprendre peut-être à la fois exigeant et passionnant. « Mon but, ce n’est pas seulement de leur transmettre des connaissances, c’est de leur ouvrir des portes » souligne la professeure de mathématiques.
À travers la fabrication de fusées, Alexandra et ses collègues montrent que les sciences et les langues sont bien plus que des matières scolaires : ce sont des outils pour bâtir l’avenir.
Pour aller plus loin :
Inscription au SIAE pour les groupes scolaires
Découvre les ressources pédagogiques d’Aérométiers.
En savoir plus sur le concours Féminisons les métiers de l’aéronautique et du spatial
Auteur de l’article : Nicolas Robineau