Le 21 janvier dernier, sept collégiennes des classes de 4ᵉ et 3ᵉ de l’établissement Simone Veil à Aulnay-sous-Bois ont plongé au cœur de l’univers de l’aérien lors d’une visite organisée chez GEH à Roissy. Cette sortie s’inscrivait dans le cadre du concours national « Féminisons les métiers de l’aéronautique », un événement destiné à promouvoir la place des femmes dans ce secteur encore largement dominé par les hommes.
Accompagnées de leur professeur d’arts appliqués, Ouahid, passionné d’aviation et formateur en Brevet d’Initiation Aéronautique (BIA), les jeunes filles ont pu découvrir un large éventail de métiers souvent méconnus, allant d’agent de piste à responsable d’exploitation, en passant par agent de trafic et responsable QSE au fret.
Une entreprise qui ouvre ses portes aux talents féminins
La journée a commencé par une présentation de GEH, animée par Margot Michel, responsable du recrutement. « Chez GEH, nous travaillons à la féminisation de nos métiers depuis plusieurs années. En 2023, nous avons signé la charte « Féminisons », et nous constatons que des progrès sont déjà visibles. De nombreuses femmes ont rejoint nos équipes dans des secteurs techniques, mais le chemin est encore long », explique-t-elle.
Avec plus de 3 500 salariés, le groupe a mis en place des observatoires et des indicateurs pour mesurer l’évolution du taux de féminisation. Margot a également insisté sur le rôle des entreprises pour briser les idées reçues : « Il y a encore beaucoup de préjugés, notamment au sein des familles, qui jouent un rôle clé dans l’orientation des jeunes filles. Ce concours est une excellente opportunité pour montrer que ces métiers sont accessibles à toutes. »
Témoignages passionnants sur les pistes
Après cette introduction, les collégiennes ont été guidées par Lilia, agent de piste chez AGS, filiale de GEH. « Quand j’ai commencé ici, il y a neuf mois, je n’aurais jamais imaginé travailler autour des avions. Avant, j’avais fait un BTS en Action Managériale, puis une licence RH. C’est une amie, déjà agent de piste, qui m’a encouragée à postuler. Je me suis dit : pourquoi pas moi ? » raconte Lilia avec enthousiasme.
Les collégiennes ont suivi Lilia au plus près d’un Boeing 777-300 d’Air Canada, où elles ont pu observer de près le ballet des engins et des équipes au sol. « Tout est minuté pour que l’avion puisse arriver et repartir à l’heure. Chacun sait exactement ce qu’il doit faire et à quel moment », explique Lilia.
Impressionnées, Eliz et Meriem n’ont pu cacher leur fascination : « Quand on prend l’avion, on ne voit pas tout ce qui se passe en dessous. Les camions, les machines, tout était orchestré. C’était incroyable ! ».
Cependant, quelques inquiétudes ont émergé, notamment sur la difficulté de manipuler les engins lourds. « Vous savez, ce n’est pas une question de force, tout est automatisé. Mais il faut être précis, minutieux, car on travaille autour d’un avion, et on n’a pas le droit à l’erreur », les rassure Lilia.
Elle a également partagé les défis liés à sa condition de femme dans un milieu encore très masculin : « On est une petite dizaine de femmes agents de piste sur 470 salariés chez AGS. Parfois, on sent de l’étonnement chez certains collègues masculins, mais ça évolue. On montre que nous sommes tout aussi capables et au final, tout se passe bien. »
La régulation expliquée par Sahra
Sahra, agent de trafic et de régulation chez AH, filiale de GEH, a par ailleurs pris le temps de partager son expérience. « Ici, nous coordonnons tout ce qui se passe autour de l’avion dès qu’il se pose. Nous recevons les appels des compagnies assistées et mobilisons les équipes en fonction des besoins. Par exemple, si un avion signale un problème technique, nous devons agir rapidement, soit en envoyant notre équipe de maintenance, soit en contactant une autre société. »
La maîtrise de l’anglais est un prérequis dans ce métier. Intriguée, Elara,l’une des collégiennes, demande : « Donc, si un pilote appelle, il faut lui répondre en anglais ? ». « Oui, ici, le monde entier se rencontre le temps d’une journée, on doit donc parler anglais tout le temps. Mais quand on le parle tous les jours, on progresse très vite… » la rassure Sahra qui doit déjà les quitter pour gérer une nouvelle arrivée d’avion.
Une découverte marquante au fret
La journée s’est terminée dans un secteur stratégique pour l’aéroport. Magali, responsable d’exploitation, a emmené les jeunes filles dans le poste de régulation des marchandises. « Ici, nous coordonnons les camions qui transportent le fret d’un avion à l’autre ou d’un magasin à un autre. Chaque étape est essentielle pour garantir que les marchandises arrivent à destination en temps et en heure. »
Mais le clou de la visite a été la montée dans l’un des camions destinés au transport. Sortant émerveillée de l’engin, Eliz déclare : « Ce camion fait quatre fois ma taille ! C’était impressionnant d’être à l’intérieur et de voir comment tout fonctionne. »
Réflexions sur les préjugés
Dans le véhicule qui les ramenait à leur dernier point de rendez-vous, les collégiennes ont échangé sur leurs découvertes. « On se rend compte que les métiers ne sont pas forcément genrés, mais que c’est la société qui nous influence », analyse Elara. « Quand on voit des femmes comme Lilia ou Sahra, on se dit qu’on peut y arriver aussi. ».
Ouahid, leur professeur, partage cet avis : « Quand Airemploi m’a proposé de faire participer mes élèves à ce concours, il y a quatre ans, je n’ai pas hésité une seconde. Ces visites permettent de briser les clichés, de leur faire découvrir des métiers passionnants et de leur montrer que les femmes ont toute leur place dans ces secteurs. »
Un engagement porté par Airemploi
Ana, conseillère transport aérien chez Airemploi, conclut : « Ces visites immersives sont essentielles. Elles complètent nos outils pédagogiques et permettent aux jeunes de rencontrer des professionnelles inspirantes. Le soutien des entreprises comme GEH et des autres entreprises adhérentes au label «Féminisons les métiers de l’aéronautique et du spatial » est primordial pour organiser ces journées et montrer qu’il y a une place pour tout le monde dans l’aérien. »
Le concours Féminisons les métiers de l’aéronautique se clôturera le 17 juin avec la cérémonie de remise des prix. Celle-ci aura lieu lors du Salon du Bourget, prévu du 16 au 22 juin 2025. Les collégiennes et lycéennes qui remporteront le concours se verront récompensées aux côtés de participantes venues de toute la France. Une belle occasion de célébrer les femmes qui prennent leur envol dans l’aéronautique.
Auteur : Nicolas Robineau