Endéans quelques années, skeyes est redevenue une entreprise financièrement saine. Ce qui lui a permis d’investir, entre autres dans des installations technologiques, et de relancer des recrutements. Le rapport annuel 2018 démontre que la gestion des dernières années porte ses fruits.
Skeyes : Les yeux rivés sur l’avenir
Depuis 2014, skeyes a mis de l’ordre dans ses finances, entre autres grâce au troisième contrat de gestion avec les autorités fédérales. Grâce à la marge financière ainsi dégagée, l’entreprise a pu réinvestir dans des procédures et des systèmes garantissant la sécurité du trafic aérien et la continuité du service.
Après un gel des recrutements de plusieurs années, l’entreprise s’est remise à engager des nouveaux collaborateurs dont plusieurs services avaient besoin. En particulier, le centre de contrôle aérien CANAC accusait un retard sur ce plan. Étant donné que la formation des contrôleurs aériens est longue et qu’ils doivent d’abord acquérir de l’expérience dans l’une des unités ‘tour’, l’effet de la vague de recrutement est également perceptible à CANAC depuis l’an dernier. Ces recrutements mettent un terme à quelques années difficiles, tant dans les tours qu’à CANAC.
Les accords sociaux du 22 mars et du 10 mai derniers – encore actuellement en élaboration par la direction et les syndicats – portant sur l’organisation des activités opérationnelles assurent, d’une part, la continuité du service et, d’autre part, un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée de tous les collaborateurs de skeyes. En quelques années, l’entreprise aura ainsi gagné en modernisation et en professionnalisme dans tous les domaines de son fonctionnement.
CEO Johan Decuyper : « Grâce au dévouement de tous au sein de l’entreprise, nous avons pu inverser complètement la tendance difficile que nous connaissions depuis le début de cette décennie. Désormais, skeyes est redevenue une entreprise financièrement saine, qui fournit un excellent service. Nous comptons parmi les meilleurs dans le domaine en Europe.
Nous conserverons cette position en continuant d’innover, d’investir dans la technologie et de créer un environnement stimulant et praticable pour tous nos collaborateurs. Nous sommes donc prêts à relever le défi de la concurrence dans un environnement international. »
2018 : année de la croissance
Les chiffres de 2018 confirment les bons résultats des années précédentes. La plupart des indicateurs sont à la hausse.
Sur l’ensemble de l’année 2018, dans tous les aéroports et pour tout le trafic en route, skeyes a géré au total 1.101.145 mouvements, soit une augmentation de 2,4% par rapport à 2017. CANAC a même enregistré un record, passant pour la première fois le cap des 600.000 mouvements (612.138).
98,3% des vols n’ont accusé aucun retard. C’est un des meilleurs scores d’Europe : seul LVNL (Pays-Bas) a fait mieux. Le retard moyen général a été de 6,6 secondes par vol en route. À Brussels Airport, le retard moyen par vol était de 51 secondes, à Charleroi de 4,8 secondes, à Anvers de 1,2 seconde, à Liège de 6 secondes et à Ostende de 0,6 seconde.
Sur le plan de la sécurité, skeyes a à nouveau enregistré un record : au total, il y a eu 4 incidents dont la responsabilité pouvait être au moins partiellement imputée à skeyes. Avec 1 incident de catégorie A (’sévère’) et 3 de catégorie B (’majeur’), skeyes égale les chiffres de 2017. Mais si l’on tient compte de la croissance du trafic aérien, 2018 fut une année relativement plus sûre que 2017. Au total, 3,63 incidents de catégorie A et B par million de mouvements ont été recensés.
Tout comme le nombre de mouvements contrôlés, le chiffre d’affaires de skeyes a augmenté en 2018, plus précisément de 2,4%, atteignant ainsi 240,4 millions d’euros. Cette augmentation du chiffre d’affaires est due tant aux services en route qu’aux services terminaux. Le chiffre d’affaires en route représente 72% du chiffre d’affaires total et augmente grâce au trafic en croissance et ce malgré un tarif moins élevé, convenu avec la Commission européenne.
Le service terminal représente 26% du chiffre d’affaires. Le bénéfice (16,7 millions d’euros) est inférieur à celui de 2017, essentiellement à cause de la hausse des coûts des recrutements et des investissements. En 2018, skeyes a investi un total de 20,6 millions d’euros.
skeyes a vu ses effectifs augmenter en 2018 pour compter désormais 872 personnes (contre 845 en 2017) : 76 nouveaux collaborateurs sont venus renforcer les rangs. 27 contrôleurs aériens ont terminé leur formation et sont entrés en service, et 28 autres candidats contrôleurs aériens ont commencé une formation.
Technologie
skeyes a déjà investi près de 100 millions d’euros dans des systèmes technologiques ces dernières années suivant son planning,. En 2018, la majeure partie des investissements a servi à CANAC. Le système Eurocat sur lequel opère essentiellement le centre de contrôle aérien a bénéficié d’un update complet. Après une préparation minutieuse, en une nuit, tous les postes de travail ont été remplacés et transférés sur le nouveau système.
Tout cela sans le moindre impact sur le trafic aérien. Une véritable prouesse que l’on peut comparer à une opération à cœur ouvert.
Toujours à CANAC, les postes de travail qui ont servi de modules de formation, et où les contrôleurs aériens militaires seront opérationnels dès la fin de cette année, ont été déplacés dans la salle Phoenix entièrement réaménagée. Il en résulte davantage de postes de formation et une capacité de training sensiblement accrue.
skeyes continue à miser sur les systèmes de navigation dans les aéroports. Désormais, 70% des pistes d’atterrissage en Belgique sont équipées de navigation par satellite (Performance Based Navigation). Elle est plus précise et améliore l’accessibilité des aéroports. Pour autant, les balises de navigation ‘traditionnelles’ font également l’objet d’une modernisation. En 2018, la balise BUB a été remplacée à Brussels Airport.
À la suite d’une décision de la Commission européenne de réduire de 25kHz à 8,33kHz l’espacement entre canaux réservés aux fréquences radio de l’aviation, skeyes a remplacé tout son parc radio. Il s’agit de près de 400 postes répartis sur 18 sites différents.
Innovation
Les drones font leur entrée en flèche dans notre société et précisément dans l’espace aérien. skeyes se prépare à intervenir en tant qu’aiguilleur du ciel pour le trafic aérien des drones. L’entreprise collabore dès lors à différentes initiatives concernant les drones.
Une version améliorée de l’application droneguide, développée par skeyes et par le SPF Mobilité, paraîtra cette année. Elle permettra aux pilotes de drones professionnels de gérer leurs vols entièrement en ligne.
SAFIR, un projet soutenu par la Commission européenne, étudie comment intégrer une large gamme d’opérations par drones dans le trafic aérien dans un environnement urbain et industriel complexe. skeyes y travaille avec 12 autres partenaires, dont Amazon Prime Air, Unifly et le Port d’Anvers.
Par ailleurs, c’est en 2018 qu’a été lancée l’‘Helicus Aero Initiative’. Sous l’appellation Medrona, cette initiative veut affecter des drones au transport de colis médicaux entre les hôpitaux, leurs laboratoires et des pharmacies.
skeyes s’est également établie sur le campus Droneport, inauguré à Saint-Trond l’année dernière pour les entreprises technologiques actives dans l’aviation, avec ou sans pilote.
D’ici quelques années, la première tour digitale sera érigée et gérera le trafic aérien aux aéroports de Liège et de Charleroi, dans un premier temps pour la contingence. skeyes et la SOWAER élaborent un projet en commun à cette fin. Les deux organisations répondent de cette manière aux besoins croissants des aéroports wallons et les assistent dans leur développement. Avec des tours numériques, le trafic aérien peut être géré à distance, grâce à de nouvelles technologies et à des caméras ultramodernes.
Durabilité
Tant dans ses opérations que dans son propre fonctionnement, skeyes attache beaucoup d’importance à la réduction de son empreinte écologique.
Les atterrissages verts (Continuous Descent Operations) sont appliqués autant que possible. Ils ont représenté au total 71,9% de tous les atterrissages aux aéroports de Bruxelles, de Liège et de Charleroi en 2018.
Un projet de Collaborative Environmental Management réunit skeyes, Brussels Airport, Brussels Airlines, TUI Fly et DHL Express afin de limiter encore davantage l’impact environnemental des activités aériennes – en partageant leurs expériences, en imaginant de nouveaux concepts opérationnels et en optimisant par exemple les atterrissages verts et les opérations de dégivrage.
skeyes collabore étroitement avec le secteur des énergies renouvelables, pour pouvoir construire autant d’éoliennes que possible sans mettre en danger la sécurité du trafic aérien. En 2018, skeyes a reçu 351 demandes d’avis pour la construction de nouvelles éoliennes. Un avis positif a déjà été remis pour 244 dossiers.
Le site internet batc.be, qui informe les riverains et tous les intéressés sur les activités à Brussels Airport, a subi une refonte complète. Désormais, les visiteurs y trouvent encore plus de données en temps réel sur l’utilisation des pistes, les conditions et prévisions météorologiques, les tracés radar, les mesures du niveau sonore ainsi que toute une série de statistiques.
Partenariats
Le 3 septembre, Entry Point North Belgium a été lancée, une joint-venture créée par skeyes et Entry Point North, leader mondial dans les formations pour la navigation aérienne. Toutes les formations de skeyes peuvent ainsi à nouveau se dérouler sur site propre à Steenokkerzeel, et la capacité des formations a été augmentée.
Les préparatifs pour l’arrivée des contrôleurs aériens militaires sur le site de Steenokkerzeel ont été bon train en 2018. Fin 2019, les collègues de la Défense viendront s’y installer définitivement.
C’est également en 2018 que skeyes, la Défense et EUROCONTROL ont conclu un accord pour collaborer au sujet du Shared Air Traffic Management System SAS3. Le système commun de gestion du trafic aérien que les 3 organisations voudraient mettre en service à partir de 2024 permettra de relever des défis en matière de capacité et d’efficacité économique de l’espace aérien belge et constituerait une base de repli pour continuer à garantir le contrôle aérien si l’un des sites assurant les services techniques tombait en panne.
Le rêve de skeyes
La vision et la stratégie à la base du renouvellement de skeyes sont exprimées dans le slogan suivant : « We will bring the most safe, sustainable and unique experience to every single airspace user ». L’opération de modernisation a conduit l’année dernière à une nouvelle identité visuelle, avec surtout le nouveau nom de skeyes, déjà bien établi entre-temps. Cette opération s’est accompagnée d’une campagne vidéo sur les réseaux sociaux, qui a rappelé l’historique des 20 dernières années, mais qui indiquait également l’orientation future de l’entreprise.
Johan Decuyper : « Plusieurs défis s’annoncent pour l’entreprise, avec, et non des moindres, la nouvelle réglementation européenne axée sur une libéralisation du contrôle aérien. La concurrence sera donc croissante. Tous nos efforts de ces dernières années visaient à pouvoir continuer à organiser le contrôle aérien dans notre pays.
Les chiffres démontrent que nous disposons pour cela de toutes les connaissances, de toute l’expérience et surtout des bonnes personnes en interne. Désormais, nous possédons aussi la technologie et les systèmes du futur. »