Bilan du transport aérien en France : Défis économiques, perspectives de trafic, fiscalité et transition écologique … La Fédération Nationale de l’Aviation et de ses Métiers (FNAM) livre son analyse approfondie du transport aérien en France.
La FNAM dresse le bilan du Transport Aérien en France
Le 7 novembre dernier, la Fédération Nationale de l’Aviation et de ses Métiers (FNAM) a organisé une conférence de presse visant à faire le point sur la saison estivale globalement positive pour le transport aérien en France. Lors de cet événement, l’association a également abordé les perspectives pour la prochaine saison aéronautique ainsi que les principaux défis auxquels est confrontée l’industrie.
En effet, malgré un contexte commercial dynamique, le secteur du transport aérien en France doit relever des défis économiques et environnementaux majeurs. L’une des principales difficultés réside dans l’absence d’un cadre réglementaire et opérationnel stable, entravant ainsi la capacité de l’industrie à planifier sereinement une transition écologique aussi nécessaire que coûteuse.
Environnement économique du transport aérien français
Après le rebond post-COVID, le secteur du transport aérien français est confronté à un environnement économique de plus en plus imprévisible. Bien que le transport aérien de passagers ait globalement maintenu de bonnes performances, les secteurs du cargo ainsi que de l’aviation générale et d’affaires ont connu un déclin après l’effervescence due à la pandémie. Il a été observé un changement structurel dans le comportement des voyageurs d’affaires, particulièrement sur les trajets métropolitains.
Les compagnies aériennes sont confrontées à une augmentation significative des principaux coûts, notamment le kérosène, les taxes, la fiscalité spécifique liée au carbone, les redevances, les coûts de main-d’œuvre et de maintenance. En conséquence, les tarifs, mesurés par l’Indice IPTAP DGAC, ont également connu une hausse.
Malgré ces défis, le trafic aérien dans son ensemble a réussi à se maintenir. Les liaisons vers les DOM-TOM ainsi que le trafic international ont enregistré de bonnes performances, bien que des tensions géopolitiques dans des régions telles que l’Ukraine, l’Afrique de l’Ouest et désormais le Proche-Orient incitent à la vigilance.
Bilan de l’été 2023 et perspectives de trafic hiver 2023/2024
L’été 2023 a été marqué par d’excellentes performances opérationnelles dans les aéroports, en ce qui concerne le passage des frontières, la sûreté et le traitement des bagages, malgré une activité qui s’approche de 95% des niveaux de 2019 pour le hub de Roissy-Charles-de-Gaulle. Toutefois, des problèmes de ponctualité persistent en raison notamment d’une performance encore insuffisante du contrôle du trafic aérien (ATC). Ces défis perdureront en 2024 avec la mise en place du système 4-Flight, considéré comme un « mal nécessaire » visant à améliorer les performances.
Les compagnies aériennes soutiennent pleinement les efforts visant à accroître la prévisibilité des impacts des mouvements sociaux dans les centres de contrôle aérien. La FNAM espère ainsi que le projet de loi correspondant sera rapidement adopté par le Parlement.
En ce qui concerne les perspectives de trafic sur le long-courrier pour l’hiver 2023/2024, elles demeurent optimistes, avec un retour à près de 98% des capacités de 2019 en termes de sièges-kilomètres offerts, et un développement particulier des services vers l’Asie.
Par ailleurs, l’ensemble du secteur se prépare activement pour les grands événements à venir, notamment les Jeux Olympiques. Dans ce contexte, la FNAM appelle à garantir un accès aux aéroports pour les salariés dans des conditions optimales et à limiter autant que possible les éventuelles restrictions de vols, surtout pour la cérémonie d’ouverture.
Fiscalité du transport aérien – Projet de Loi de Finances 2024
Le constat demeure inchangé, mais le pavillon français continue de subir une érosion importante et régulière, avec une part de marché actuelle qui est désormais tombée en dessous de 40%, alors qu’elle dépassait les 60% il y a une vingtaine d’années.
La décarbonation du secteur aérien français est impérative, et les compagnies aériennes du pays s’engagent dans cette voie. Cependant, ce processus s’accompagne de coûts considérables. Le secteur, déjà lourdement taxé*, a besoin de réinvestir ses maigres bénéfices dans sa propre transition écologique. C’est pourquoi la FNAM a vivement exprimé son opposition à l’introduction d’une nouvelle taxe sur les infrastructures de transport de longue distance dans le cadre du projet de Loi de Finances 2024. Cette taxe, qui touchera particulièrement le chiffre d’affaires de certains aéroports, pèsera injustement principalement sur les compagnies aériennes françaises opérant sur les grandes plates-formes parisiennes ou régionales, tandis que les grandes compagnies étrangères « low-cost » seront étrangement exemptées.
Une autre préoccupation majeure du bilan du Transport Aérien en France, concerne le financement des activités régaliennes liées à la sûreté aéroportuaire. La FNAM appelle l’État à assumer tout ou partie des coûts de ces activités pendant la période COVID afin de limiter le déficit prévu du tarif de sécurité et de sûreté (T2S).
En outre, les compagnies aériennes sont attentives à toute évolution potentielle dans la régulation aéroportuaire. En collaboration avec l’UAF, elles ont formulé des propositions communes et soutiennent les recommandations récentes de l’Autorité de Régulation des Transports adressées au gouvernement sur cette question.
Transition Écologique et Impact Socio-Économique pour les Territoires des Activités Aériennes
La FNAM souligne que la transition écologique du secteur aérien repose sur plusieurs fondements, incluant les progrès technologiques par le renouvellement des flottes, l’utilisation de carburants aéronautiques durables (CAD) et l’optimisation des opérations aériennes.
En ce qui concerne les CAD, il est crucial que le gouvernement veille non seulement à développer une industrie française dans ce domaine, mais aussi à assurer l’accès à la biomasse nécessaire en attendant l’avènement des e-fuels, tout en mettant en place des mécanismes garantissant un prix d’achat raisonnable.
Il est également essentiel d’instaurer un dispositif de suramortissement fiscal pour encourager le renouvellement des engins de piste en vue de les rendre plus respectueux de l’environnement, favorisant ainsi la décarbonation des opérations au sol.
Les approches continues jouent un rôle clé dans la réduction à la fois des émissions de CO2 et du bruit**. Ces approches devraient être considérées comme une priorité équivalente au renouvellement des flottes dans les études d’approche équilibrée actuellement en cours. Ces études sont en effet cruciales pour évaluer de manière équilibrée les avantages économiques et sociaux de l’activité aérienne par rapport aux inconvénients qu’elle génère.
* Voir à ce sujet la décision du Jury de Déontologie publicitaire
** Le coût social du bruit en France est estimé à 147,1 milliards d’euros par an selon l’ADEME. 66,5% de ce coût social correspond au bruit des transports principalement le bruit routier qui représente 54,8% du coût total, suivi du bruit ferroviaire (7,6%) et seulement ensuite du bruit aérien (4,1%).